mardi 17 décembre 2013

La droite saint-mandéenne face à son bilan

Tout au long de la mandature qui s'achève, les élus de gauche au sein du conseil municipal ont refusé d’approuver les budgets et les comptes de la ville parce que ces derniers ne correspondaient pas à leurs objectifs politiques, mais aussi parce que nombre des dépenses leur ont paru excessives ou insuffisamment justifiées. Nos questions répétées nous ont rarement permis d'obtenir des réponses satisfaisantes, raison pour laquelle nous avons régulièrement et publiquement dénoncé cette situation sur nos blogs et dans les colonnes du BMO. Ce sont les élus de gauche qui ont porté sur la place publique l’affaire des emprunts toxiques à Saint-Mandé, obligeant le maire et son équipe à s’expliquer et à réagir. Depuis, je me suis personnellement évertuée à demander que, comme d’autres collectivités territoriales, nous engagions une action judiciaire contre Dexia. Pendant trois ans, cette demande a été laissée sans suite.

Dans d'autres domaines, combien de fois avons-nous réclamé la mise en place de commissions d’attribution notamment en matière de logements ? Déploré le manque de transparence, l'absence de vision pour l'avenir, la passivité de l'action communale face à la montée des incivilités ?

À nos yeux le maire de Saint-Mandé porte la plus lourde responsabilité dans le bilan de la mandature qui s'achève. Comme nous le faisons avec constance et clarté depuis plus de dix ans, nous continuerons, jusqu'au 23 mars, à dénoncer les décisions et les positions idéologiques de notre ancien député. Toutefois, cette responsabilité politique est également collective et implique l'ensemble des membres de la majorité en place entre 2008 et 2013. Si la démarche des candidats "dissidents" que sont Claire Pallière et Jean Eroukhmanoff en dit long sur l’aptitude du maire sortant à travailler en équipe et à unir son camp, l’argumentaire développé par ces deux candidats ne manquera pas de surprendre.

Voilà deux élus, alors UMP, qui ont été adjoints de M. Beaudoin pendant plus de dix ans, à la famille et la petite enfance pour Mme Pallière, à la solidarité entre les générations pour M. Eroukhmanoff, et qui, à quelques mois des élections municipales, dénoncent subitement le non respect des procédures d’appel d’offre, l’absence de transparence dans la gestion de la ville, les passe-droit, les frais de bouche, etc.

Si plus de dix ans leur ont été nécessaires pour s'inquiéter de ces dérives, c’est sur leur clairvoyance et leur aptitude à gérer la ville qu’il faut s’interroger ! Rappelons que tous deux avaient approuvé la gestion, déjà peu rigoureuse dans bien des domaines, de l’adjoint aux finances de la mandature 2001-2008.

Aujourd’hui, comment accorder sa confiance à une ancienne adjointe qui réclame davantage de transparence après n’avoir cessé de refuser la mise en place d’une commission d’attribution des logements sociaux gérés par la ville ? Qui n'en a pas fait davantage pour l'attribution des places en crèche quand elle avait la capacité de convaincre ses collègues et d'agir ? Qui dénonce les dépenses de communication de la mairie, dépenses sur lesquelles elle n’avait jamais fait la moindre remarque jusqu'en 2013 alors que le sujet était régulièrement dénoncé par les élus de gauche ?

Comment se fier à un ancien adjoint qui se taisait en conseil municipal lorsque l’opposition demandait l’engagement d’actions judiciaires pour permettre à la commune de tenter de se délier du piège des emprunts toxiques ? Qui n’hésite pas à écrire, mêlant inexactitude et mauvaise foi, qu'il a engagé une action en justice dès qu’il a eu connaissance des emprunts toxiques, semblant oublier que l’affaire se trouvait en débat depuis trois ans ? Qui avant d’accepter d’être nommé adjoint aux finances il y a huit mois, n’avait du temps de son prédécesseur pratiquement jamais mis les pieds à la commission des finances dont il était pourtant membre ?

Aucun de ces candidats aujourd'hui bardés de bonnes intentions ne bronchait face aux questions de l’opposition réclamant des précisions sur les comptes, sur les suites données aux demandes de subventions faites par la ville (cf. la Maison des sports qui, contrairement à ce qu’annoncé aux Saint-Mandéens, a principalement été financée par leurs impôts locaux, nombre de subventions sollicitées ayant été refusées), etc.

Aujourd’hui c’est à qui lavera plus blanc que blanc.

Aucun candidat issu de la majorité municipale en place jusqu'en janvier 2013 ne peut s'exonérer du bilan de la mandature qui s’achève : ce bilan partagé est le leur. Tous ont cautionné et soutenu la gestion de M. Beaudouin pendant plus de dix ans. Se fonder aujourd’hui sur la dénonciation de ce bilan pour justifier des candidatures de rupture relève de l'incohérence si ce n'est de la tartuferie.

Geneviève Touati

1 commentaire:

  1. Et il est bien de se le rappeler ! Se taire, baisser les yeux, ne pas réagir afin de rester aux ordres de son chef et ensuite le renier dès qu'il est en situation de faiblesse montre un manque de cohérence politique, une réelle faiblesse idéologique, une peur d'affirmer ses convictions devant le dominant. Mais franchement un conseiller et surtout adjoint n'a-t-il pas le devoir justement de jouer son rôle de conseil lorsque l'élu qui reste un humain peut se tromper ? Une équipe municipale n'est pas une chambre qui dit systématiquement "amen" à son chef mais est là pour participer avec lui (parfois en lui signalant une erreur de jugement) à la gestion d'une commune.
    Pour cela il faut vraiment une "équipe loyale" avec "esprit de franchise et de collégialité" pour mettre en place une vraie gouvernance qui, aussi, n'oubliera pas de profiter de l'intelligence de la population en facilitant sa participation à la vie de la commune pour faire oublier ce réel constat : "En l’absence de véritable structure d’écoute et de discussion, une partie de la population reste dans l’indifférence à l’égard des affaires communales, et ce désintérêt est profondément inquiétant..."
    Martial

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